Qu'est-ce que la RSE* ?
*Responsabilité Sociétale de l'Entreprise, une expression largement employée, mais encore trop peu maîtrisée.
Le 01/09/2022

© Dessin de Sanaga

LE RECAP'

Pour connaître l'essentiel sur le concept de RSE.


  • La responsabilité implique un pouvoir de décision et l'obligation d'assumer et de répondre de ses actes ;

  • La RSE est la notion de responsabilité associée à l'entreprise et à son rôle en tant que telle ;

  • L'ISO 26 000 offre un cadre de réflexion pour construire sa démarche RSE ;

  • La RSE est une approche stratégique, qui prend en compte les attentes des parties-prenantes de l'entreprise ;

  • Pour être à la fois crédible et efficace, cette stratégie RSE doit constituer une remise en question profonde du fonctionnement de l'entreprise et de l'exercice de son activité.
Responsabilité
Un mot qui a du sens.
La notion de responsabilité est fondée sur le latin respondere ("se porter garant, répondre de") et sponsio ("promesse").

Tout un ensemble de définitions vient confirmer le sens cette notion, à savoir l'obligation de répondre de ses actes - cf. : Jean de Stavelot, Chron., p. 566 ds Gdf. Compl. (Première moitié du XVème siècle) ; Dictionnaire de Littré (1872-1877) ; Dictionnaire de l’Académie Française, huitième édition (1932-1935) ; Dictionnaire Larousse ou encore le droit civil.
"Le sens des responsabilités" vu par l'Armée de Terre
"Le sens des responsabilités définit la capacité à prendre des décisions et à les assumer, eu égard aux fonctions tenues. Cette notion dépasse la simple obligation de répondre de ses actes en vertu de la morale. L’éthique de responsabilité implique le chef dans les conséquences humaines, morales ou autres (matérielles, financières, environnementales) qui découleront de l’accomplissement de sa mission et des actes qu’il réalisera ou qu’il ordonnera de réaliser pour y parvenir."

"Le sens des responsabilités s’exerce à plusieurs niveaux. Vis-à-vis de :
  • soi-même : positionnement, exigence de formation et d’entraînement personnel ;
  • ses subordonnés : devoir de disponibilité, de protection, et de confier à chacun des responsabilités à sa mesure ;
  • ses chefs : devoir de loyauté et de transparence."

"Pas de sens des responsabilités sans volonté, liberté de conscience, capacité à se situer et à se comporter dans le sens qu’exige sa fonction, acceptation du risque, et solidarité."
Source : Lu sur un flyer de l'Armée de Terre
Naissance du concept
La RSE, une notion pas si récente.
En 1952, "La Responsabilité sociale du Business Man", de l’américain Howard Bowen, explique pourquoi les entreprises ont intérêt à devenir plus responsables et donne la première définition reconnue de la RSE : "la responsabilité sociale de l’entreprise renvoie à l’obligation pour les hommes d’affaires de réaliser les politiques, de prendre les décisions et de suivre les lignes de conduites répondant aux objectifs et aux valeurs qui sont considérées comme désirables dans notre société".

En 1972, le rapport Meadows, "Les limites de la croissance", publié trois mois avant la conférence de Stockholm, entend démontrer, grâce à des modélisation de l'empreinte des humains sur la Terre, que dans un monde fini, une croissance économique infinie conduirait à l'épuisement des ressources.

La conférence de Stockholm, en juin 1972, marque l'entrée des questions écologiques dans les préoccupations internationales. Elle donne naissance au Programme des Nations Unies pour l'Environnement, accélère la mise en place d'administrations consacrées au sujet (la France crée son ministère de l'Environnement en 1971) et sera suivie de plusieurs accords, comme la Convention de Genève de 1979 sur la pollution atmosphérique transfrontalière.

En 1976, au travers des principes directeurs de l’OCDE, les gouvernements adressent aux entreprises multinationales des recommandations afin de favoriser une conduite raisonnable des entreprises dans les domaines des relations professionnelles, des droits de l'homme, de l'environnement, de la fiscalité, de la publication d'informations, de la lutte contre la corruption, des intérêts des consommateurs, de la science et de la technologie, et de la concurrence.

Et en 1977, la Déclaration tripartite de l’Organisation Internationale du Travail sur les entreprises multinationales vient donner un cadre aux entreprises en matière de conditions de travail, de formation ou encore de diversité.

Si l'environnement confirme son statut de sujet médiatique, les 70's s'avèrent malgré tout paradoxales pour l'écologie : d'un côté, les pays du Nord renforcent les normes nationales antipollution et un droit international émerge pour traiter des pollutions maritimes et transfrontalières. Mais, de l'autre, la division internationale du travail s'accélère et permet ainsi aux entreprises de produire dans des pays à faible réglementation.

Durant le deuxième sommet de la Terre à Nairobi, en mai 1982, tous les indicateurs sont alors au rouge, malgré les engagements pris à Stockholm : "l'état général de l'environnement naturel ne s'est pas amélioré, et un certain nombre de ses éléments se dégradent au contraire à un rythme accéléré." Pourtant, les rapporteurs estiment que "l'industrie peut être compétitive et productive sas être accompagnée d'une pollution nocive".

En 1987, le Rapport Brundtland popularise l'expression "développement durable" et plaide pour "une accélération de la croissance économique aussi bien dans les pays industrialisés qu'en développement". L'industrie est appelée à "produire plus avec moins".

Enfin, en 1992, à l’occasion du Sommet de la Terre de Rio, parvenir à un "développement durable" devient le mot d'ordre. Largement médiatisé, l'événement aboutit à l'adoption d'une déclaration de principes et d'un plan d'action : l'Agenda 21, qui dresse une liste d'enjeux, propose des stratégies, et des moyens d'exécution. Au chapitre 30, on peut lire que "le commerce et l'industrie, y compris les sociétés transnationales et les organisations qui les représentent, doivent participer pleinement à la réalisation et à l'évaluation des activités relatives au programme", en favorisant notamment le recours aux mécanismes du marché.

Dans la seconde moitié du XXème siècle, les préoccupations environnementales et sociales, tout comme la mondialisation, se développent et la société civile (associations religieuses, écologiques, humanitaires ou de solidarité) commence à réclamer d'une meilleure prise en compte des impacts environnementaux et sociaux des activités des entreprises, notamment à cause de diverses catastrophes environnementales.

A l’échelle internationale, les accords sont peu ambitieux et non contraignants. On aboutit seulement sur des principes génériques ou sectoriels, sans caractère coercitif. Mais des réglementations au niveau national, notamment en France, vont commencer à poser certaine bases de la RSE.

Et en 2001, la Commission Européenne considèrera qu’être responsable signifie "satisfaire pleinement aux obligations juridiques applicables, mais aussi aller au-delà et investir “davantage” dans le capital humain, l’environnement et les relations avec les parties prenantes" . Source : le Livre Vert de la Commission Européenne "Promouvoir un cadre européen pour la responsabilité sociale des entreprises", 2001.
Le concept de RSE
La responsabilité sociétale de l'entreprise (ou RSE) reste une notion complexe à définir du fait de sa nature qui change en fonction des époques et des auteurs.

D'ailleurs, en 1999, l'auteur A. B. Carroll dénombrait environ 20 définitions différentes de la RSE dans "Corporate Social Responsibility, Evolution of a Definitional Concept".

On peut néanmoins dégager deux constantes de l'entreprise responsable : la prise en compte des parties prenantes et le triple résultat (ou Triple bottom line).

  1. L’entreprise responsable est attentive aux attentes et préoccupations de ses parties prenantes, c’est-à-dire de tout groupe ou personne pouvant influencer ou être influencé par les activités d’une organisation. - Source : FREEMAN R. E, Strategic Management: A Stakeholder Approach, 1984
  2. L'entreprise responsable sait créer un équilibre entre les dimensions économique, sociale et environnementale dans l'exercice de ses activités : c'est la Triple bottom line.

L'entreprise responsable promeut donc un bénéfice global plutôt que le simple profit. vous entendrez peut-être parler du "Triple P" : Personnes, planète, profit (ou People, planet, profit).
L’entreprise doit faire des profits, sinon elle mourra. Mais si l’on tente de faire fonctionner une entreprise uniquement sur le profit, alors elle mourra aussi car elle n’aura plus de raison d’être.
Henry Ford
La RSE, c’est donc (re)penser son activité, pourquoi et comment on la pratique, en prenant en considération les attentes et préoccupations des parties-prenantes de l'entreprise, tout comme la viabilité de son modèle d'affaires, et ses impacts sociaux et environnementaux.

Il s’agit d’aller au-delà de la contrainte règlementaire en prenant la mesure de l'empreinte de son entreprise et de son activité pour limiter au maximum leurs conséquences négatives, et pour stimuler leurs impacts positifs.

Pour représenter clairement le concept sous forme de schéma :

Pour aller + loin :
  • La permaentreprise, un modèle viable pour un futur vivable, inspiré de la permaculture - S. Breuzard - Editions Eyrolles
  • L'entreprise contributive, concilier monde des affaires et limites planétaires - F. Bonnifet, C. Puff Ardichvili - Dunod
L'ISO 26 000 : un outil pour structurer sa réflexion
Comment se traduit la RSE au niveau de l'entreprise ?
La responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et activités sur la société et sur l’environnement, se traduisant par un comportement éthique et transparent (...)
Définition de la RSE d'après l'Iso 26 000
L'approche par sa responsabilité permet à l'entreprise d'agir en faveur d'une activité soutenable aux regards des limites planétaires, en prenant en compte les attentes de ses parties prenantes (collaborateurs, clients, partenaires, fournisseurs, etc...).
La RSE est donc au coeur de la stratégie d'entreprise.

Voir l'article "RSE, quelles sont les étapes clés pour réussir sa démarche ?"

⚠️ Attention

La norme ISO 26 000 n'est pas certifiable.
C'est un cadre référentiel, il sert à aiguiller les entreprises dans l'élaboration de leur démarche RSE.
En revanche, il existe de nombreux labels qui s'appuient sur cette norme pour évaluer le niveau de maturité des entreprises en matière de RSE.
Une approche profondément stratégique
En définitive, l'approche par la RSE est un choix profondément stratégique de l'entreprise.

La construction d’une stratégie RSE implique d’élargir son analyse au-delà du seul besoin du client, en prenant en compte les attentes de l’ensemble des parties-prenantes (internes et externes) de l’entreprise.

Comment ? En les interrogeant, tout simplement, et en les impliquant dans la démarche.

Cette approche par la RSE va permettre de :
  • se différencier de la concurrence et ainsi de consolider sa présence sur son marché ;
  • créer une relation pérenne et à plus forte valeur ajoutée avec ses parties-prenantes ;
  • donner un nouveau sens au travail, de motiver ses équipes et les futures recrues.
Etre homme c’est précisément être responsable. (...)
C’est sentir en posant sa pierre que l’on contribue à bâtir le monde.
— Antoine de Saint Exupéry, Terre des hommes, 1939
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